Je me souviens

Francis Bergeade
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Re: Je me souviens

Message par Francis Bergeade »

Je me souviens... ma seconde visite au garage Mendez. C'était 48 heures après la première visite... Ça commençait à m'horripiler sévère !

La BGT est au garage Mendez depuis hier matin. Msieur Mendez m'a fait du service à domicile, me laissant une Scenic hors d'âge, qui fait passer la MG pour un modèle sortant d'usine.

Ce soir, déguisé en pingouin, cravaté comme un lord, je fonce depuis mon bureau jusqu'à sa rutilante Scenic, direction le garage. Msieur Mendez m'attend, je l'ai prévenu.

Un tour autour du Scenic... Pouah... Je monte là-dedans ? Je passe au pressing directement après ? Je vais chercher un sac poubelle pour mettre sur le siège ? Las, je vais monter. Argghh, la Scenic ne s'ouvre pas. La télécommande n'ouvre pas la porte. Heureusement que le garage Mendez a pensé a tout. S'il avait pour voiture de courtoisie une auto du 21e siècle sans clé, j'étais bon pour rester sur le trottoir. J'ouvre à l'ancienne.

Petite voix synthétique façon Fisher Price ou Playschool : "le véhicule a été ouvert sans utilisation de la télécommande, le démarrage est impossible, antivol en service, le véhicule a été ouvert sans utilisation de la télécommande, le démarrage est impossible, antivol en service, le véhicule a été ouvert sans utilisation de la télécommande, le démarrage est impossible, antivol en service..." Je verrouille de l'intérieur, et enfin, la télécommande accepte de déverrouiller le coffre-fort électronique du Scenic.

Démarrage. Je crains de ne pas atteindre le haut de la rue... Que faire ? Appeler une dépanneuse ? Appeler le garage Mendez pour dépannage sur sa voiture de courtoisie ? Non, j'enfonce l'accélérateur comme un forçat. Ça monte. Bien sûr, les amortisseurs ont la vigueur d'un vérin de meuble de cuisine Ikéa. Les suspensions ne sont plus qu'un vieux souvenir de jeune fille pour la guimbarde qu'elle est devenue.

Déjà près d'un kilomètre parcouru. Un voyant s'allume. Service ! La voix, Brigitte (les voix synthétiques, chez moi, c'est Brigitte), me dit d'aller rejoindre un atelier pour maintenance impérative. Eh... J'y vais ma belle ! Petites incantations pour que l'engin me mène jusqu'au garage Mendez. Bien sûr, j'éternue comme un moissonneur. La poussière qui recouvre tout l'habitacle lui donne presque un aspect alcantara sous le soleil couchant. La classe...

Arrivée devant le temple - que dis-je... le temple... la Mecque de l'anglaise ressuscitée - dans un claquement de diesel digne d'un motoculteur oublié trop longtemps. Je claque la porte, tente de fermer l'auto, retente, re-retente. Merde, on ne lui volera pas...

Ma GT est là, là-bas en fait, abandonnée fenêtre ouverte sur le trottoir. Moi, j'aurais fermé la fenêtre. Pour la flotte, pour la poussière, pour les chewing-gum du passant qui trouvera drôle de cracher un chwiinnnng dans une bagnole, pour... pour la forme, pour que le client ne se fasse pas la réflexion.
Je me contiens. Je me rappelle la DB4 à 200 000 euros minimum, abandonnée au même endroit (un peu plus loin encore, en fait), ouverte à tous vents.

Bonsoir Monsieur Mendez ! que je lui lâche avec un entrain et un rictus nerveux qui m'étonnent encore. Des effluves anisées me chatouillent les cornets, mais je n'ai pas envie de me coller un pastos dans le cornet, contrairement au staff affairé à fêter dignement la fin de semaine. Et puis, l'anis, ça parfume et ça couvre bien le gaz d'échappement. Et une cliente peut prendre ça pour des huiles essentielles, c'est l'essentiel.

Bon, j'ai fait au plus vite, votre magnifique Scenic, qui m'a fait une scène, elle est là, juste devant, mais pas fermée. Comme la mienne ! Je vais donc aller récupérer mon auto (Je pense à Roland Giraud dans les Bronzés font du ski "euh, je ne vous colle pas mon poing sur la gueule ?" et je me marre). J'ai laissé votre clé qui n'ouvre rien sur le bureau, hein, n'est-ce pas, et donc mes clés sont... ?

Ah bien voilà, les voilà. me lance Mendez, tout sourire. C'est les huiles essentielles de gaz anisé, sûrement.

Elle marche enfin, la MG ? que je lui lance d'un ton courtois qui m'étonne encore, un poil moqueur, un poil inquisiteur.

Ah, ben pour moi, elle marche bien. J'ai même eu la visite d'un propriétaire d'ancienne qui l'a trouvée très belle. Je l'ai essayée, j'ai freiné, cette fois, ça fonctionne. Je suis allé jusqu'à Gacougnolles, dans la montée de Vichumes, je n'ai pas eu le moindre défaut qui me revienne aux oreilles. On a purgé le circuit. C'est tout bon, tout tout bon, du tout bon, Monsieur Bergeade !

C'est sûr qu'elle est belle, c'est pour ça que je l'ai choisie. Mon souci, c'est qu'elle va vieillir vite, si je prends deux voies pour m'arrêter à chaque passage piéton, hein... Pas besoin d'aller jusque dans les virolos de Vichume, j'ai pas prévu de m'inscrire à la course de côte qui vient, je cherche juste un comportement nor-mal ! Vous aviez compris, Monsieur Mendez !

La GT est dégueulasse, couverte de marbrures de chez Elephant Bleu qui n'a pas voulu offrir l'eau déminéralisée et le lustrant.

Je m'installe, elle pète au quart la demi-portion. Mendez me donne des conseils de lustrage, de polishage. Je me retiens pour lui donner mes conseils de lavage.

Cent mètres. Pas le panneau 100 M, mais la distance parcourue. Je freine gentiment, avec la douceur du vieux beau qui courtise une vieille belle. Blocage immédiat de la roue avant droite.

Je réitère l'expérience trois kilomètres plus loin. La roue avant droite hurle, l'auto tire maintenant fortement à droite. Avant hier soir, c'était l'arrière gauche, et elle tirait à gauche. En cette période de primaires, de tergiversations, je me dis qu'elle est à la mode. Indécise, un coup par ci, une tentative par là.

C'est moins grave qu'avant hier, mais c'est beaucoup moins bien qu'il y a un mois. Mendez est passé par là... Du grand Mendez !

J'arrive à la maison. Vroum vroum est accueillie par mon fils comme ne le sera jamais le plus beau de tous les garages Playmobil. C'est ça aussi, le plaisir de posséder une auto différente. Msieur Mendez s'éclate en la triturant, et mon clown de huit ans, lui, il l'attend. Non mon loulou, pas de tour de vroum vroum ce soir, Msieur Mendez a un peu foiré sa mission, on fera ça un autre jour. Quand on aura enfin l'assurance qu'on s'arrête au passage à niveau sans passer sous le bus qui arrive en face...

Mendez m'a confirmé avoir purgé. Il m'a confirmé avoir toilé les pistons de l'étrier avant droit. Il m'a tout confirmé, lorsque je l'ai appelé. Il m'a dit aussi que je pouvais lui ramener, qu'il verrait.

Je lui ai dit que j'allais rouler, rouler, rouler, loin, loin, loin, tout ça sans gueuler. Inutile. On ne raisonne pas un gars persuadé. Inutile, sauf à vouloir se fritter. J'avais presque de la sympathie pour sa bonne volonté, de l'affliction pour son dévouement, de l'emphase pour ce bonhomme englué dans l'huile de vidange et les huiles anisées qui masque bien les gaz d'échappement, ceux du vendredi soir.

Je dis alors à ma douce que je suis quand même étonné que chez Mendez, nul qu'il est, j'ai pu voir une Aston de millionnaire, et une Triumph que je ne me payerai jamais.

Et vous savez ce qu'elle m'a répondu ?
Eh, dans Camping aussi, il y avait une Aston chez Mendez ! Parce que tu crois que ton Aston anglaise, elle est arrivée chez ton Mendez sur la simple intuition de son anglais de propriétaire ? Qui te dis qu'elle n'a pas échoué là par obligation ? Et t'as vu, elle est repartie le lendemain, sur un plateau. Mendez, il n'a pas eu le temps de faire du grand Mendez !

Demain, je lui fais essayer l'auto. C'est elle qui va diagnostiquer, et ordonner les prochains travaux !

Blague à part, je fais passer le contrôle technique et je la confie au vrai garage spécialisé en anglaises qui va bien, près de chez moi. J'irai visiter Msieur Mendez pour acheter un bidon d'huile. Sympa, mais bon qu'à bricoler des Scenic pourris qu'on maintient en vie faute de mieux.

J'irai un vendredi soir, pour m'aniser. Pardon, pour m'amuser !

Cette auto freinera. Et là, elle revivra.
Francis Bergeade
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Re: Je me souviens

Message par Francis Bergeade »

Et voilà le détail de mon départ. Si j'avais du y passer cinq minutes de plus, je retournais tout...

Je vais pour partir, une 106 verte, dans un état pitoyable est garée derrière ma MG.

Euh, vous reculez la 106 ? Que je parte !

Oui, oui, la... la... La 106. Elle est à qui, cette 106 ?...Je vais voir. Michèle, c'est à qui la 106 verte ?
Je ne sais pas Monsieur Mendez, laquelle 106 verte ???
Ben, la 106 verte... les clés ? les clés ? Ah j'me demande si c'est pas celle du fils Chaudard...

Bon ! Si vous retrouvez les clés comme vous avez retrouvé mes papiers, dans dix minutes, ce sera réglé... (le bougre avait perdu mes papiers, j'ignore ce qu'il avait foutu à les sortir de la voiture, tout est en anglais, et il n'en pige pas un mot).

Non, mais le fils Chaudard, c'est lui qu'à le hangar au fond, et souvent, il se gare là. Elle est à qui cette 106... ?

Monsieur Mendez, je vais aller voir, c'est où ? Il ressemble à quoi, ce monsieur Chaudard ?

Non, attendez, la 106 verte, c'est bon, c'est celle de Martin, c'est les pneus avant. C'est moi qu'ai les clés ! Michèle, elles sont où les clés de Martin ? Pendant ce temps-là, il déplace un monticule de papiers, des dizaines d'accusés de fax jaunis par le temps, des pubs Conforama, des factures à envoyer qu'il retrouve et met de côté sur un autre monticule.
Michèle, elle est figée, la mine déconfite, immobile. Je lui fais un sourire (ça c'est quand je retourne le bureau dans mes pensées), elle me répond. Elle est plus dans mes âges, Michèle, mais si elle pouvait retrouver les clés de la 106 pourrie de Martin, ça m'arrangerait bien...

A ce moment là, je m'étonne que le mur constellé de plaques rallye toutes plus moches les unes que les autres, sans aucune qui soit un peu rare ou évocatrice d'une épreuve renommée, ne comporte même pas un tableau à clés ! Enfin... je m'étonne... Non, je me résigne à voir que ça aussi, c'est bordelique.

Mais, mais... Elles sont là, je les ai ! Les clés étaient entrelacées, pas identifiées, sur l'assise d'un siège à roulettes en fils caoutchouc tendu. Sans les roulettes, le siège, on aurait dit provenance bar à putes. Avec les roulettes, ça vient d'un trottoir, jour de vide grenier ou passage avant les encombrants devant les bureaux de la sécu.

Il m'a bougé la 106 de Martin. Ça n'a pris que cinq minutes...

Comme il n'a pas noté les travaux à effectuer sur la 106 Martin, il lui fera la vidange et filtre. C'est son truc, vidange. Et filtre !
Francis Bergeade
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Re: Je me souviens

Message par Francis Bergeade »

Je me souviens... je devais avoir une dizaine d'années. Mon père faisait sa vidange dans le sous-sol. Ça se passait le dimanche matin. Un de ses collègues, Gilbert, né au Gabon, de parents Gabonais, n'avait pas de garage. Alors, tous deux passionnés de sport auto, ils se retrouvaient les dimanche matins.
C'était pour la vidange, c'était pour passer du blackson dans les passages de roues, c'était pour voir ce qui déconnait encore sur la voiture de Gilbert, qui avait pour manie d'acheter des autos neuves et de vouloir en faire des dragsters.

Ce jour-là, une auto est sur ses chandelles, deux paires de jambes en combinaisons bleues dépassent. En-dessous, ça s'affaire, ça rigole.

Le voisin, concessionnaire Citroën, débarque de retour de son tour de vélo dominical. Il descend par la pente du garage, sans un bruit.

Alors, Alain, on fait du travail au noir ? ! Histoire de dire quelquechose.
Et là, Gilbert sort de sous la voiture, sans relever, sans rire.

Et là, le voisin se décompose, et s'en tire par une pirouette à propos de la voiture de Gilbert (une pauvre GS).

Mon père et le voisin se sont marrés des années avec cette anecdote.
Gilbert ne s'est pas vexé, le voisin lui a même vendu une BX Sport, une GTI et une 4TC !
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sherlock
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Re: Je me souviens

Message par sherlock »

Très drôle, l'histoire de Gilbert. J'imagine la surprise du voisin...

A propos de surprise, en voici une autre qui me revient.

Je venais de trouver sur annonce une morris minor, une MM des premières séries, avec les phares dans la calandre. Le prix m'échappe mais ça ne devait pas pi..., heu, aller bien loin, avec mes moyens financiers limités d'étudiant.

J'arrive à l'adresse indiquée, dans un faubourg très uppé de Londres, il n'y avait pas de majordome pour ouvrir la porte, mais ça devait être son jour de vacances. C'est la maîtresse de maison elle même qui m'ouvre la porte, très "vieille anglaise", la dentition équine, et toutes les options...

Elle prend son temps pour me montrer sa voiture, qu'elle avait eue neuve, cadeau de son mari, elle la sortait une fois par semaine pour aller je ne sais plus où, prendre le thé avec sa copine Lady Untel sans doute, dans ce milieu là, c'est le larbin qui fait les courses.

Nous nous mettons d'accord sur le prix, elle se déclare enchantée d'avoir affaire à un jeune collectionneur français, et patati et patata. Nous remontons du garage, où il y avait aussi la voiture de Monsieur, une Daimler, je crois, et la brave dame me propose une tasse de thé, ce que j'accepte volontier. Et paf, je me retrouve en pleine réception avec une demi douzaine de mamies toutes plus anglaises les unes que les autres, charmantes, aux petits soins pour moi, "Et vous reprendrez bien un autre sandwich au concombre, Monsieur le français ?" Tout ça!.

Il faut vous dire que mon anglais laisse plutôt à désirer (remarquez, avec des profs comme celui de Louis le Grand dont je parlais plus haut...).

Au moment de partir, elle me fait promettre de lui téléphoner quand je serai arrivé à Paris, me donne encore des recommandations. Et moi, tout fier, je lui réponds :

"I always take great care of my beloved mechanics"

Stupeur générale, silence gêné, puis la vendeuse m'explique doucement la différence entre "mechanics" et "mechanicals".

Je venais d'annoncer à une demi douzaine de Ladies que je prenais toujours grand soin de mes mécaniciens adorés :D :D :D

Je voulais évidemment parler de mes mécaniques...
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Re: Je me souviens

Message par temp100 »

pas mal ce post ... les vieux sont occupés à raconter leurs passés ... et à se relire ... on est tranquille
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bgt29
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Re: Je me souviens

Message par bgt29 »

Pour revenir sur les "permis"

Le passage du permis moto à Quimper (29) a longtemps été une "tradition" dans les années 60/70, à l'époque ou les motos écoles n'existait pas.

Le jour du "passage", chacun arrivait avec sa moto ou celle du copain, en pilote ou passager, et attendait son tour. L'inspecteur donnait les instructions et chacun les respectait à la lettre, en fait il suffisait de faire 2 ou 3 tours du "champ de foire" et l'inspecteur, debout sur le toit des WC publics surveillait un par un ses candidats. Suivant son humeur du jour il distribuait ou pas le fameux papier rose.

Le "champ de foire" était un grand parking en forme de triangle avec une route tout autour et une autre qui le coupait en deux. Le parcours était en général, un tour complet, un huit et un autre tour complet.
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Jidé de Grasse
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Re: Je me souviens

Message par Jidé de Grasse »

Finalement ça n'a pas tellement changé... à part les plots de chantier pour baliser le parcours :party:
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sherlock
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Re: Je me souviens

Message par sherlock »

LouLou a écrit :pas mal ce post ... les vieux sont occupés à raconter leurs passés ... et à se relire ... on est tranquille
Ti con, va :mdrx:
temp100

Re: Je me souviens

Message par temp100 »

une petite de Patou ... il ose pas :D

Je me tapais un petit 160 sur la RN4 (donc Patou, pour ceux qui suivent pas) entre Paris et Nancy quand tout à coup j'ai ressenti un besoin très pressant. Ni une ni deux, je tire le frein à main et m'arrête sur la BAU. Je saute la rambarde et cours vers un chêne (aucun rapport avec les glands non non).
Là, pendant que je fais mon affaire, une grenouille (Smurf la grenouille qui traverse l'autoroute) saute et se plante devant moi en ouvrant des grands yeux globuleux et en poussant des wouah admiratifs... Bon un peu gêné, je me tourne de l'autre côté. La grenouille se replante devant moi en deux bonds (putain je suis vert...Non, pas la grenouille!!!).
Elle me dit :
- Bonjour !
- Euh bonjours... Euh, Tu parles ?
- Nan, je suis le pape et j'attend ma soeur.
- Ah bon.
Bon entre temps, j'ai fini quand même et commence à me diriger vers ma voiture en me promettant de ne plus fumer les géraniums de ma voisine. Au moment ou j'ouvre la porte, la grenouille saute sur le siège passager et met la ceinture de sécurité....
- On va chez toi ?
- Euh oui...
- Ok ça me va
Arrivé chez moi, la grenouille me suit toujours
- C'est ta chambre là-bas ?
- Euh oui....
La, vous allez pas me croire, elle saute sur le lit et se couche les pattes écartées.
- Embrasse moi!!!
La, je me dis Patrick, il y a quelque chose de pas catholique là dessous, bon qu'elle parle je veux bien, mais je ne vais quand même pas me faire une grenouille (d'ailleurs j'ai même pas de scotch pour éviter qu'elle n'éclate :D
Mais d'un autre côté, je me souviens des histoires de grenouilles se transformant en princesse etc... Et je l'embrasse !!!
Et c'est à ce moment qu'elle s'est transformé en petite fille monsieur le juge...
Francis Bergeade
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Re: Je me souviens

Message par Francis Bergeade »

Début juillet 1993, sur un aérodrome du centre de la France. Devant le club-house, une vingtaine de membres des clubs avion et planeur prennent le soleil assis sur les fauteuils de jardin un peu piqués. Ceux qui ne voleront plus sirotent une bière, on refait le monde. Les voitures sont garées sur l'herbe, à côté des avions et des planeurs qu'on vient de finir de "démoucheronner". On prépare le barbecue de ce samedi soir qui s'annonce convivial.

Les jeunes comme moi parlent de tout et de rien, on est fiers de nos autos, on est étudiants, on se la pète. On aime les avions, et les bagnoles. Les vieux aussi. La plupart d'entre nous ont pour autre passion le karting, un peu de sport auto ou moto. C'est un peu superficiel, mais c'est comme ça.
On compare les galbes de nos petites copines. On se la pète vraiment. Les vieux comparent aussi nos petites copines.

Pas loin de là, le circuit de Magny-Cours. Nous avons l'habitude d'accueillir régulièrement les pilotes des jets qui trimballent les pilotes de F1, qui vont et viennent entre Oxford, Nice ou Monaco et Nevers. Plutôt que de bétonner bêtement, les équipages viennent nous rendre visite. C'est ainsi qu'on vole en planeur avec l'un qui officie sur un Learjet, avec deux autres anciens démonstrateurs chez Bombardier.

On se la pète grave devant nos poulettes. On s'arrange même pour leur négocier des virées plus ou moins locales dans ces jets plantés là. Très très grave, qu'on se la pète.

Pat Keagan débarque à pieds, s'approche de nous. A cette époque, les aérodromes sont encore des passoires sur lesquels on rentre sans avoir à enjamber la moindre barrière, sans taper le moindre code, ni se faire palper les testicules par des agents de sécurité décérébrés.

Pat est souriant, pas grand, pas beau, les cheveux un peu longs, la moustache pas taillée, le tee-shirt décontracté et le jeans déformé. Un sourire permanent illumine le visage de cet Australien, pilote sur une Porsche 911 dans une écurie Allemande. Bien élevé, sympa comme tout, on lui offre une bière.

On se la pète grave, avec nos bagnoles, nos petites pépées, devant le pilote de course pas beau gosse. Son frère est pilote de ligne sur 747-400 chez Quantas.

Pat anime le barbecue. Les filles boivent son français très nuancé, son sourire. Il est sympa le Pat ! On l'écoute, on bavarde avion, on rêve de Porsche, d'un tour de Porsche, on se la pète. Les GPS portables arrivent à peine dans l'aviation légère. Les plus démerdards d'entre nous s'en font ramener des Etats-Unis.

Pat prend les commandes, ne demande pas un centime, et son frère sera bientôt le livreur attitré d'une bonne dizaine de GPS Garmin qu'il déposera à Roissy Charles de Gaulle. Je suis étudiant à Paris, j'irai les récupérer.

Il a une expérience énorme, la modestie, la classe de savoir se faire apprécier d'emblée. Le club-house devient rapidement sa deuxième maison, après Brisbane. Il projette de faire transporter un moto-planeur Fournier en Australie, pour s'amuser quand il rentre chez lui.

Pat, en plus d'être pilote de course, il est pilote privé, pilote professionnel, et qualifié IFR. Il peut donc voler par presque tous les temps, aux instruments. Nous, pas. Enfin, pas encore ! Mais on va voler avec Pat.

Déjà une semaine qu'il est là, et il va rester 3 mois. Son écurie vient de passer un contrat pour faire de Magny-Cours sa base d'essai quasi-permanente. On s'éclate, on vole avec Pat, il nous apprend les procédures de vol sans visibilité, on fait de l'IFR à la petite semaine. Les cumulus, on ne les évite plus, on les cherche !

Et il nous corrige à la radio. Notre phraséologie en anglais, elle est bien franchouillarde. Moi, je me la pète grave, avec mon anglais de secours. Il me gratifie de compliments sur mon anglais, d'après lui tout bon. Mon pilotage est assuré, ça lui plaît bien.

Je me la pèèèèète... Bien sûr, Pat est hébergé chez celui de nous qui a des chambres d'hôtes, et il se fait prêter une auto. Plus pratique, pour aller et venir librement entre le circuit, l'aérodrome, les barbecues, etc.

En bagnole, il corrige mes défauts. J'en ai quelques-uns. On se fait le même parcours des dizaines de fois. Sa précision est bluffante, ses conseils judicieux. Les mêmes que ceux que je me fais tout seul depuis que je sais manier un volant un peu habilement. Mais là, j'ai un prof particulier. Pour moi !

Mes potes, dans le même engouement, ils alternent comme moi les vols et les cours de pilotage. Le journal local, dont on a un pigiste au club fait une demi-page sur Pat, nivernais d'adoption.

Un matin, la voiture de prêt tombe en rade. On l'emmène avec un pote, jusqu'au circuit. Evidemment, jeunes et cons, on roule comme des dingues. On a Dieu assis à droite, qui nous protège, il ne peut rien arriver !
Le semi-remorque, qui devait amener une 911 réadaptée à l'usine, il n'est pas là.

Retour à l'aérodrome. Notre nouveau pote Pat pas bien beau est le nouveau copain de tous. La semaine suivante, il doit se rendre en Espagne, pour un sponsor qui doit faire rouler ses salariés. Il a des coups de soleil, un peu mal au cou, dort mal à cause du barbecue - bières - rosé de provence. Un médecin copain lui prescrit ce qu'il faut pour tout ça, y compris les somnifères légers. Passionné de sport auto, il pilote lui-même en circuit. Les échanges sont sympas, comme Pat.

Benoît lui prête sa Honda 1000 CBR. Evidemment, Pat le prévient qu'il maîtrise, qu'il fera gaffe.
Sauf que Pat se vautre dans un rond-point, détruit la 1000 CBR et se pète le bras droit.
Plâtre, et bien sûr, ça va coincer sérieusement pour les essais et la mission en Espagne...

Je lui prête mon auto, un pote lui prête sa Mercedes Classe S. Pat propose à Benoît de lui racheter une moto neuve, ils font la tournée des concessions pour voir. L'assurance remboursera rapidement, heureusement.

Pat, un peu estropié, est appelé par Peugeot Talbot Sport, pour la mise au point de la 405 de Rallye Raid. Le PTS cherche un pilote pour du roulage, et il connaît bien les autos de rallye raid. En Australie, ça a été sa discipline pendant quelques années. Sauf que là, ça va coincer. Le bras. Il renonce, et annonce qu'il ne part pas. Pat, en gros, il est planté là. Loin de chez lui, assez mal de planter toutes ses missions.

On a un pote ancien moniteur de pilotage auto, pilote au palmarès honorable en circuit, qui s'est rangé des voitures et a déménagé dans le Sud. Coups de fils, il vérifie qu'il rentre encore dans la combi en Nomex, que les chaussures sont toujours bonnes, le casque est dépoussiéré.

Un coup d'avion, et nous voilà partis avec Pat, pour récupérer Michel, et le ramener à Nevers. La priorité, c'est les essais de la Porsche, et la mission en Espagne.

Le lendemain, on arrive au circuit avec la doublure de Pat. Pas de Porsche, pas arrivée. Pas grave, on rentre. Pat, il est furieux ! Rien ne va comme ça devrait. On ne se laisse pas abattre, on vole. On se détend. Sauf Pat, planté là depuis bientôt 10 jours, un peu oisif.

Un vieux de la vieille, et son copain Michel, la doublure de Pat, commencent à douter de Pat, qu'ils qualifient de charlot. Les filles sous le charme traitent les vieux de connards, prennent la défense de Pat. Nous avec, on hurle au complot. Lui, il sourit, explique, passe des coups de fil depuis le club, s'affaire.

Bientôt quinze jours qu'il est là. Il en a ras-le-bol, Pat. Nous, on continue de l'idolâtrer.

Il vient moins souvent au club. On le comprend, le bras, le boulot, l'écurie qui gueule un peu... La doublure est là, attend la Porsche, et prend ses dispositions pour l'Espagne, en croisant Pat.
A nouveau, le copain Michel venu du Sud nous fait part de ses doutes. Tout le monde s'apaise autour d'un nouveau barbecue.

Et puis, de manière inexplicable, on a plus de nouvelles de lui. On le cherche, en vain. J'appelle au circuit, que je connais bien, je le fais demander. Personne ne le connaît, il n'y a pas de Porsche ni d'écurie allemande connues. Peugeot Talbot Sport que je contacte sur la reco d'un proche, confirme qu'il est inconnu.
Les derniers à l'avoir croisé lui ont versé les acomptes pour les GPS. Pat a dit qu'il voulait payer sa note au club, qui s'élève à près de dix mille francs, mais ça ne s'est pas fait.

Disparu, envolé. L'Ambassade d'Australie que je contacte nous invite à contacter le commissariat de police. On y va, et là, tout est déjà arrivé par fax.

Pat n'est pas Australien, il ne s'appelle pas Keagan.
Il n'a plus de permis de conduire. Il n'a jamais obtenu sa licence de pilote automobile, ni celle de pilote d'avion.
Il est bien français. Il a gravité dans le milieu aéronautique en région parisienne, a sympathisé avec ses hôtes comme avec nous. Puis il a disparu, après avoir vidé les belles demeures de ses nouveaux amis, de l'Ouest Parisien. Il avait gagné leur confiance, avait appris leurs emplois du temps, intégré leurs habitudes, s'était même fait confié les clés de certaines maisons.
C'était trois ans plus tôt. Quand il est arrivé à Nevers, il était évadé de prison depuis cinq jours.

Son bras dans le plâtre n'a pas échappé au contrôle de police mis en place Gare de Lyon, pour le retrouver.
Serré, coffré, on a eu longtemps un sentiment étrange en l'évoquant.
Sa dualité était telle qu'on a mis longtemps à le considérer comme ce qu'il était : un voleur escroc potentiellement dangereux.
Certains ont essayé d'entrer en contact avec lui, dans sa cellule. Il a toujours refusé.

Il était pas sympa, en fait. On a continué de se la péter grave, devant nos copines. On était devenus, en plus, un peu flics...
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Re: Je me souviens

Message par sherlock »

Très drôle, l'histoire du mytho... y'en a des commes ça !!!
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Re: Je me souviens

Message par temp42 »

Très fort...lui fallait quand même des connaissances hyper pointues en aéronautique pour couillonner sur l'IFR et la phraséologie.
Il lui arrivait de piloter ou de prendre les commandes quand vous l'emmeniez ?
Francis Bergeade
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Re: Je me souviens

Message par Francis Bergeade »

Avec le recul, on a analysé ses comportements. Il savait ce qu'était un avion, l'espace aérien, les commandes, les instruments. Il savait tenir une ligne droite, un virage coordonné. Il avait les connaissances théoriques, probablement bûchées à l'ombre. Le fait est qu'il s'est toujours habilement positionné pour ne pas devoir poser l'avion ni reprendre les commandes pour faire face à notre incompétence éventuelle. Il connaissait le milieu, les avions, etc. Comme n'importe quel lecteur de la presse spécialisée, pas forcément pratiquant pour autant.
De même, la radio en anglais, il n'a jamais donné l'exemple. On ne l'a en fait jamais entendu prononcer un seul mot d'anglais.
De même, en voiture, il conduisait, mais sans qu'on soit à ses côtés.
C'était tout son talent. Nous endormir et nous charmer, avec juste ce qu'il fallait de mensonges.
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temp42
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Re: Je me souviens

Message par temp42 »

Tout ça aurait pu être très chaud.
- La phraséologie en Anglais c'était pour s'amuser sur 123.5 je suppose, pas avec un contrôleur, parce que sans QRI risquait d'y avoir du conseil de discipline à la clé.
- Pas de transpondeur ident non plus je suppose quand vous percutiez les cumulus :)
- Pas d'instructeur dans les parages pour stopper la supercherie ?
Chez nous avec les oreilles qui trainent il aurait eu du mal à passer le cap de la 1ere journée

En tous cas, fort le mec...faut avoir 20 piges pour se faire mitonner comme ça. :)

Nous il nous est arrivé pratiquement l'inverse y'a 3 ou 4 ans:
- 1 mec visiblement en rupture de tout trainait régulièrement au bar du club, avec une R12 TL 71 très belle d'ailleurs, que j'ai conduite pour me rappeler le bon temps.
Petit à petit il s'est joint à nos conversations, puis a commencé à raconter ses expériences d'aviation, de BIA qu'il faisait passer etc...
Comme tu sais, au bar du club c'est généralement là qu'on se raconte nos exploits.
Il avait de bonnes connaissances théoriques mais ça sentait toujours un peu le souffre ou le bobard et on a vite compris qu'il mitonnait...ça a duré des mois...on s'en foutait un peu.
Puis on a créé notre petit club de dissidents ( l'histoire que tu connais) et on a réussi au chantage à la sympathie à le convaincre de s'inscrire avec nous...fallait du monde pour payer l'appareil qu'on venait d'acheter...bon, il a accepté son inscription au club...mais ne volait pas.
Un jour, notre instructeur décide de l'emmener comme passager sous un prétexte bidon ( j'y étais pas mais je suppose que c'était un coup monté des copains).
En l'air: "a toi les commandes"
Eh ben il a pris les commandes sans sourciller, notre instructeur a pu vérifier qu'il pilotait plutôt pas mal ( pourtant comme tu sais un instructeur c'est souvent casse c.....s).

Finalement il était bel et bien breveté, s'était effectivement occupé des BIA, mais licence périmée depuis pas mal de temps il n'osait pas avouer un certain manque de moyens et tentait comme il pouvait encore de porter beau.
On a finalement pu lui refaire valider, il a volé environ un an mais très peu, et disparu de la circulation du jour au lendemain.
Francis Bergeade
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Re: Je me souviens

Message par Francis Bergeade »

mgb42 a écrit :Tout ça aurait pu être très chaud.
- La phraséologie en Anglais c'était pour s'amuser sur 123.5 je suppose, pas avec un contrôleur, parce que sans QRI risquait d'y avoir du conseil de discipline à la clé.
Non, sur 120.60, avec l'accord préalable de l'agent AFIS, lui même instructeur PL.
mgb42 a écrit : - Pas de transpondeur ident non plus je suppose quand vous percutiez les cumulus :)
- Pas d'instructeur dans les parages pour stopper la supercherie ?
Chez nous avec les oreilles qui trainent il aurait eu du mal à passer le cap de la 1ere journée
Non, de l'IMC en loucedé, en totale illégalité. Comment veux-tu qu'on soit détecté parce qu'on traverse un cumulus ou une couche ? Il a volé avec plusieurs instructeurs, qui n'étaient ni amoureux aveugles, ni idiots. Tu connais l'histoire du faux médecin Jean-Claude Roman, qui a trompé tous ses proches, dont des médecins pendant plus de vingt ans ? C'est un métier !
mgb42 a écrit :En tous cas, fort le mec...faut avoir 20 piges pour se faire mitonner comme ça. :)
Non, justement. Il a mitonné une vingtaine de personnes, de tous âges, et pas des imbéciles.
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Re: Je me souviens

Message par temp42 »

Exceptionnel ce mec, il a raté une carrière prometteuse, mérite d'être connu. :)
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Re: Je me souviens

Message par sherlock »

Tiens puisqu'on parle de cette rubrique "je me souviens" et que, toujours allongé avec ma camisole de force depuis deux mois, j'ai le temps de vous en raconter une.

ll faut absolument que je vous parle de mon copain Riton. Son vrai prénom était Victor-Henri, mais nous l'appellions RIton pour le faire tartir. Il habitait le seizième avec maman, ayant eu la malchance de perdre son père assez jeune. Brefle, Riton était un poissard comme j'en ai rarement vu : si il y avait un truc qui se passait mal, c'était forécement pour lui, un vrai paratonnerre à emmerds, le Riton.

Nous avions décidé de partir quelques jours en vacances à huit ou dix zozos pas tristes, dont la moyenne d'age devait être de 19 ou 20 ans. A part Riton, dont la maman était pleine aux as, nous étions du genre fauchés, surtout que nos bagnoles nous coutaient bonbon, du moins pour nos moyens d'étudiants, c'est pourquoi nous avions décidé de camper, c'était mi juin 78 ou 79, le temps s'y prétait.

Mais Riton faisait des manières, n'avait jamais goûté au camping, qu'il imaginait sans douts style Brett Sinclair, avec le congélo et la couverture chauffante. IL avait donc persuadé maman delui prêter la caravane familliale. Le jour dit, le v'la t-y pas qui se pointe avec la R16 de Papa, qui n'était pas encore une voiture de collection, mais juste une bagnole de bourge (elle était gris "poignon" avec l'intérieur cuir noi), parfaitement adaptée à la traction d'une grosse caravane.

Outre la Reuseize, comme nous disions, il y avait, outre ma MGA Twin cam, une Amilcar, une traction 15 H avec le cul qui trainait par terre, une simca 5 ou 6 et une quatrième bagnole dont je ne me souviens plus.

A part une prune récoltée par le Riton, pour ne sais plus quelle raison (il avait pourtant la seule bagnole parfaitement en règle), nous étions arrivés sans encombre au lac Sainte Croix, après une étape d'une nuit en Auvergne. Il devait être une ou deux heures de l'après midi, on décide de faire cul-cul trempette, mi pour nous rafraichir, mi pour faire admirer nos anatomies juvéniles à la volaille locale. Et comme c'était dix ans après mai 68, il y avait pas mal de nudistes dans le coin. Sans doute pourquoi le Riton, grand dragueur devant l'étrenel, décide d'aller faire un tour de ce côté là. Il se baigne, drague, s'endore sur la plage...

Et bien il nous est revenu le soir avec un coup de soleil maousse sur le service trois pièces, il a fallu qu'il dorme toutes les nuits avec les cou.... dans un bol d'eau pendant une semaine.

J'en pleure encore de rire, heureusement que le calvier est étanche, je valide ça, et je vous raconte la suite, car c'est loin d'être fini, dans le message suivant.
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Re: Je me souviens

Message par sherlock »

Doublou, désolé :-)
Modifié en dernier par sherlock le 15 févr. 2012, 16:59, modifié 1 fois.
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Re: Je me souviens

Message par korrignu »

Moi je suis trop jeune pour vous mettre du "je me souviens" mais peut etre un jour mettrais du je me souviens de je me souviens :)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Je_me_souv ... e_souviens
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Re: Je me souviens

Message par sherlock »

Or donc, nous voila pendant une semaine au soleil du sud, avec mon Riton tout penaud, obligé de se la mettre sur l'oreille, alors qu'il avait fermement décidé de niquer tout ce qui bouge à cou... rabattues, comme nous autres, d'ailleurs. La différence, c'est que nous, nous n'avions pas de coup de soleil mal placé.

Nous avions décidé de nous déplacer tous les jours, et de ne jamais dormir deux soirs de suite au même endroit (ce qui aurait d'ailleurs été impossible, vu le bordel que nous foutions dans les terrains de camping jusqu'à pas d'heure, on nous aurait de toute façon foutu à la porte.

Rien de notable à raconter les trois premiers jours, sauf que la Simca cinq avait "fait" un joint de culasse, mais "Le P'tit Prince" (le pote qui avait la Simca, ainsi nommé car il faisait un mètre quatre vingt quinze) avait prévu la chose, et avait un joint de culasse de rechange. Vous imaginez la tête des retraités venus prendre leur douche vespérale après qu'une demi douzaine de mécanos amateurs venant de sortir un moteur aient fait leurs ablusions dans les sanitaires collectifs.

C'est le quatrième jour que Riton nous a fait du grand Riton : venant de passer son permis, et ayant encore un 90 au cul, il n'avait pas appris à faire une marche arrière attelée. Engagé dans un chemin improbable, d'où nous n'avions sortir qu'en marche arrière, le Riton entreprend lui de dételler tout seul sa caravane pour la manoeuvrer. Comme de juste, la chose est trop lourde pour lui, prend de la vitesse dans la descente, avec mon Riton courant toujours derrière, jusqu'à ce que la Notin (tiens, ça me revient, c'était une belle Notin, peinte de la même couleur que la Reuzeize, sur commande spéciale de son défunt paternel) jusqu'à ce que la Notin finisse par traverser la route et contrebas, juste davant une 404 break de gendarmerie qui passait là, et bascule par dessus le parapet pour s'écraser dix mètres plus bas.

Ca serait arrivé à un autre qu'à Riton, nous aurions été catastrophés, mais nous étions tellement habitués à ce qu'il ne lui arrive que des poisses, que nous nous roulions par terre de rire, sous les insultes des chaussette à clous, qui croyaient à une connerie volontaire de notre part, au détriment d'un honnếte touriste.

Bon, je valide ça pour que vous lisiez, et je vous raconte la suite dans le prochain message.
temp100

Re: Je me souviens

Message par temp100 »

vraiment un poissard ton Riton :mdr:
16ème, maman plein aux as, R16 et caravanne ... j'en ai connu des plus poissard moi :mdr:

mais dites mètre, 1979 ... 20-21 ans ? MGA Twin cam ?

ouais ... 1979, moi j'avais juste 20 ans ... et en 1981 je m'offrais une Ford Escort RS neuve :D
normal, je sortais de 9 mois d'armée avec mon salaire à donf
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Re: Je me souviens

Message par michel »

LouLou a écrit :vraiment un poissard ton Riton :mdr:
16ème, maman plein aux as, R16 et caravanne ... j'en ai connu des plus poissard moi :mdr:

mais dites mètre, 1979 ... 20-21 ans ? MGA Twin cam ?

ouais ... 1979, moi j'avais juste 20 ans ... et en 1981 je m'offrais une Ford Escort RS neuve :D
normal, je sortais de 9 mois d'armée avec mon salaire à donf
l'armée en suisse ca payait :) :) :)
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Re: Je me souviens

Message par temp42 »

J'ai vu à la télé cette semaine un type d'environ 70 ans qui sort un bouquin.
Recordman mondial des poissards, bien connu dans sa région et surnommé aussi un peu comme Riri la poisse .
Preuves à l'appui, faits divers, journaux etc... il relate les 200 faits divers curieux qui lui sont arrivés dont moult accidents extraordinaires sans jamais être responsable...moi j'en suis pas là quand même.
temp100

Re: Je me souviens

Message par temp100 »

non pas l'armée michel ... mais à l'époque, les employeurs avaient de la peine à trouver de joyeux technard ... ils nous engageait avant les examens et aussi avant l'armée et dans les conventions collectives de l'horlogerie les entreprises s'engagent, encore aujourd'hui à payer 100% du salaire pendant les périodes militaires (usuellement 3 semaines par an, armée de milice) et dans mon cas, comme ils m'ont engagé avant mon école de recrue, le groupe ETA m'a versé un salaire pendant mes obligations militaires ... et comme je ne fumais pas, je ne bois pas ... j'ai mis mon salaire complet de côté ... payé mon RS cash !!! à 21 ans et je n'avais pas encore travaillé !

alors quand on me dit ... les 35 heures ... et gnagnagna ... je me marre,
26 à 30 jours de vacances par an, 21 jours de services militaire par an ... et un salaire deux fois supérieur à la France ... c'est la Suisse !!!! et une TVA à 8% ...

mais bon, c'est un autre débat
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Re: Je me souviens

Message par michel »

Ah j'aime la SUISSE, c'est normal que ca marche ......
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